Arnaque femme russe

Depuis la Libye, nous savons que le Royaume-Uni et la France, même ensemble, sont incapables d’accomplir, sans d’autres concours, une opération de moyenne intensité à proximité de leurs territoires. La vérité d’un portrait, la ressemblance d’une image à son type, admet des variations progressives et soumises à la loi de continuité dans leur progression, mais ce n’est point pour cela quelque chose de mesurable ; il n’y a pas de mètre pour cette espèce de vérité qu’on nomme proprement ressemblance. Un peu pénible dans la vie quotidienne, mais c’est une sorte de conscience, un Jimini Cricket ou une fée Clochette qui nous rappelle à l’ordre lorsque nous oublions d’éteindre la lumière, de trier nos déchets ou appuyons trop fort sur l’accélérateur en voiture. Nous demandons cependant au lecteur de l’oublier. Sans doute le sentiment de l’effort ne se produit pas toujours dans cette opération. Un plan est un terme assigné à un travail : il clôt l’avenir dont il dessine la forme. Elle ne peut pas ne pas rejeter dans le passé, à l’état de possibilités ou de virtualités, les réalités actuelles, de sorte que ce qui est composé maintenant doit, à ses yeux, l’avoir été toujours. Arnaque femme russe aime à rappeler cette maxime de Confucius, »L’homme supérieur c’est celui qui d’abord met ses paroles en pratique, et ensuite parle conformément à ses actions ». C’est un obstacle qu’on cherche à apporter, d’avance, à la Révolution sociale, de demain. Mais de ce qu’on aura constaté le caractère rationnel de la conduite morale, il ne suivra pas que la morale ait son origine ou même son fondement dans la pure raison. Tous disent à quel point nous sommes anxieux et peu sûr de nous. Elle n’a même pas le courage d’avouer ses haines. Il faut donc bien, semble-t-il, que mon corps, ou quelque partie de mon corps, ait la puissance d’évoquer les autres images. Il n’y a pas de dénouement qui réunit tous les fils d’un récit dans une conclusion finale qui marque les esprits. L’instinct, au contraire, aurait la matéria­lité voulue, mais il est incapable d’aller chercher son objet aussi loin : il ne spécule pas. Et pourtant rien de ce qui viendrait ainsi l’occuper ne suffirait à définir l’attitude qu’elle a prise, car de tout cela elle pourrait à la rigueur se passer. A nous, par conséquent, de saisir la mesure des enjeux d’une économie fondée sur la connaissance afin de préserver notre leadership. Nous disions en effet que tout ordre apparaît nécessairement comme con­tingent. Tous ces effets pourraient d’ailleurs se corriger ; la machine ne serait plus alors que la grande bienfaitrice. Certes, l’évolution du monde organique ne doit pas être prédéterminée dans son ensemble. Nous n’avons toujours là que des sensations élémentaires. Oui, je crois que notre vie passée est là, conservée jusque dans ses moindres détails, et que nous n’oublions rien, et que tout ce que nous avons perçu, pensé, voulu depuis le premier éveil de notre conscience, persiste indéfiniment. Cet instinct, qui doit se retrouver jusque dans l’oiseau bâtissant son nid, et qui a éclaté avec une puissance extraordinaire chez certains tempéraments d’artistes, chez un peuple comme les Grecs, aurait pu sans doute, en se développant, donner lieu à une obligation esthétique analogue à l’obligation morale ; mais l’instinct esthétique n’était lié qu’indirectement à la propagation de l’espèce : pour cette raison il ne s’est pas généralisé assez et n’a pas acquis une intensité suffisante. Et quand il a trouvé ou importé nombre d’inventions, comme l’ont fait les Turcs et les Mores, il y a souvent quelque complaisance à l’appeler civilisé.